Interclass : un projet média où l’égalité femmes-hommes est une préoccupation majeure

Rencontre avec Iannis Roder, professeur d’histoire-géographie au collège Pierre de Geyter à Saint-Denis

Publié le | Temps de lecture : 2 minutes

Iannis Roder

Comment le projet Interclass a-t-il vu le jour et en quoi consiste-t-il ?

Après les attentats de janvier 2015, Laurence Bloch, directrice de France Inter, réfléchissait à la manière dont la radio pouvait s’impliquer davantage auprès de la société civile et la jeunesse. Enseignant d’histoire-géographie au collège Pierre de Geyter à Saint-Denis (93), j’ai proposé de mettre en place une classe média, animée par des enseignants et des journalistes. Ainsi est né Interclass. Concrètement, le projet consiste à amener les élèves d’une classe à réaliser au cours de l’année 4 reportages de 4 minutes 30 sur des sujets de société, accompagnés par leurs professseurs et 4 journalistes. Une thématique est proposée pour l’année, et les élèves travaillent ensuite en petits groupes pour choisir et construire un sujet. Une fois réalisés, les reportages sont diffusés pendant l’été sur France Inter.

Comment le projet Interclass a-t-il abordé la question de l’égalité femmes-hommes ?

Interclass ne porte pas en soi sur la question de l’égalité femmes-hommes. Pour autant, ce souci de l’égalité se manifeste dans le choix des sujets des élèves et leurs traitements. L’année dernière par exemple, le thème était le lieu. Les élèves ont voulu faire un reportage sur l’École nationale de police de Sens. Et ils ont tenu à s’interroger sur l’égalité et la mixité au sein de l’école. Leurs questions étaient : À quoi ressemble le quotidien de ces femmes et ces hommes ? Les entrainements sont-ils les mêmes ? Quelles sont leurs possibilités de carrière respectives ? Cette année, le thème est la devise de la République. Un reportage sera consacré à la possibilité pour une femme de s’habiller comme elle l’entend. Un deuxième portera sur la Maison des femmes de Saint-Denis, un lieu d’accueil pour les femmes victimes de violences. Sur les quatre reportages prévus, deux abordent les questions liées à l’égalité femmes-hommes !

Quel est l’impact d’Interclass sur les élèves ?

Interclass leur ouvre les yeux et leur apporte de nouvelles perspectives. Les reportages les font sortir de chez eux. Mes élèves s’éloignent de Saint-Denis, franchissent le périphérique, se rendent à Paris. Pour certains jeunes de Seine-Saint-Denis, c’est loin d’être neutre. Ils rencontrent des personnes qui ne sont pas de leur milieu, des femmes qui ont des responsabilités, des sociologues ou des psychologues, des femmes totalement émancipées avec un parcours universitaire. Pour les élèves, et notamment pour certaines filles, ces femmes peuvent faire figure de modèles, de même que les journalistes d’Interclass. Tout cela me parait extrêmement important et positif.