Santé mentale des femmes : oser en parler, mieux informer et accompagner
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Reconnue comme Grande cause nationale par le Premier ministre en 2025, la santé mentale concerne toutes les Françaises et tous les Français.
Les femmes sont particulièrement touchées par les enjeux de santé mentale : dans le cadre de la Grande cause nationale consacrée à la santé mentale, le ministère du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles a lancé son premier baromètre « Les Français et la santé mentale des femmes ». Selon celui-ci, 21% des Français estiment que les problèmes de santé mentale touchent davantage les femmes et 64 % d’entre eux déclarent souhaiter être mieux informés sur la santé mentale des femmes. Du point de vue des femmes, 27 % d’entre elles considèrent que les troubles de santé mentale les affectent davantage, particulièrement chez les moins de 50 ans, et plus encore chez les 18-35 ans.
La santé mentale, c’est quoi ?
Les problèmes de santé mentale ne sont pas toujours liés uniquement aux troubles psychiatriques mais peuvent apparaître tout au long de la vie, à des moments de vulnérabilité émotionnelle. Aujourd’hui les troubles liés à la santé mentale touchent presque 1 Français sur 5 et 13 millions de personnes présentent un trouble psychique chaque année en France (info.gouv.fr). Aussi essentielle que la santé physique, la santé mentale peut être définie comme « un état de bien-être qui permet à chacun de réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés normales de la vie, de travailler avec succès et de manière productive, et d’être en mesure d’apporter une contribution à la communauté » (Organisation mondiale de la santé).
La santé mentale des femmes reste encore peu explorée et insuffisamment prise en compte. Afin de mieux informer et accompagner les femmes, il est essentiel de comprendre ces interactions, de libérer la parole et de dépasser les idées reçues.
Les principaux déterminants de la santé mentale des femmes
La précarité, les stéréotypes de genre, les rôles sociaux imposés et les violences sexistes et sexuelles constituent des facteurs majeurs affectant la santé mentale des femmes. Leur impact, souvent plus marqué que celui des facteurs biologiques ou hormonaux, reste encore trop sous-estimé. Si certains événements de vie tels que les menstruations, la grossesse, l’IVG, la fausse couche, les maladies gynécologiques, l’endométriose ou la ménopause jalonnent la vie des femmes, ils ne suffisent pas à expliquer seuls les inégalités en santé mentale.
Aujourd’hui, trois éléments clés pèsent particulièrement sur la santé psychique des femmes :
Les inégalités structurelles entre les femmes et les hommes
Les stéréotypes de genre qui orientent les parcours scolaires et professionnels, limitent l’autonomie financière des femmes et perpétuent les écarts de rémunération. Ces stéréotypes peuvent également influencer l’accès aux soins, ils contribuent à l’invisibilisation des femmes dans de nombreux domaines, favorisent l’objectification de leur corps, imposent des normes autour de la maternité et les cantonnent aux tâches domestiques et reproductives.
La lutte contre la précarité menstruelle, à travers la distribution gratuite de protections et des actions de sensibilisation dès le secondaire, contribue à préserver la dignité et à réduire l’anxiété liée à l’exclusion ou à la stigmatisation. Le soutien aux mères isolées, souvent confrontées à une forte charge mentale, passe par la sécurisation des pensions alimentaires via l’agence de recouvrement et d’intermédiation des pensions alimentaires (ARIPA), la revalorisation de l’allocation de soutien familial et un meilleur accès à des modes de garde.
Ces dispositifs permettent de réduire la pression psychologique quotidienne, de rompre l’isolement et de favoriser un meilleur équilibre de vie.
Les rôles sociaux et la charge mentale
Les responsabilités familiales et domestiques sont encore largement portées par les femmes. Elles alourdissent leur charge mentale et émotionnelle, les exposant davantage aux troubles anxieux et dépressifs. La pression sociale pèse aussi plus fortement sur les femmes, en particulier les plus jeunes.
Elles sont soumises à des attentes multiples : réussite professionnelle, responsabilités familiales, conformité à des normes sociales.
Selon le baromètre, 71 % des Français estiment que les femmes subissent des injonctions à être en couple, et 81 % à avoir des enfants. Cette pression est d’autant plus forte pour les mères célibataires, qui représentent une famille sur quatre, dont 83 % des enfants vivent principalement avec elles.
Les événements de la vie des femmes
Tout au long de la vie des femmes, des événements physiques et extérieurs peuvent impacter leur santé mentale. Certaines étapes de vie comme la puberté, la fausse couche, la dépression post-partum, l’infertilité, la maternité ou la ménopause peuvent fragiliser la santé mentale.
Souvent peu prises en compte dans les parcours de soin, ces périodes nécessitent une attention renforcée et un accompagnement adapté.
À la puberté, les transformations du corps, l’arrivée des menstruations et la découverte de la sexualité peuvent générer des troubles anxieux ou dépressifs, renforcés par les injonctions sociales liées à l’image corporelle. 50 % des adolescentes déclarent avoir vécu un épisode de détresse psychique, contre 25 % des adolescents (DREES, La santé mentale des adolescents de 3e en 2017, 2020). La fragilisation de la santé mentale des femmes peut potentiellement être accentué par une charge mentale grandissante et le manque de temps pour prendre soin de soi, comme le confirme l’étude Harris (2024).
La découverte de l’endométriose, pathologie chronique et complexe, peut affecter profondément la santé psychique des femmes. La charge mentale liée à l’endométriose peut être importante : elle s’exprime dans la gestion constante de la douleur, les parcours médicaux lourds et longs, les impacts sur la vie sociale, affective, scolaire ou professionnelle, et les inquiétudes sur la fertilité. En mai 2024, le ministère du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles a lancé sa première campagne nationale sur l’endométriose, avec pour objectif de mieux faire connaître la maladie.
En savoir plus sur la campagne intitulée « Endométriose, en parler plus pour mieux la détecter » : Lancement d'une campagne de lutte contre l'endométriose - Ministère du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles.
Plus tard, la maternité peut être une source de pression intense. Entre 2013 et 2015, le suicide représentait 13,4 % des décès maternels en période périnatale, principalement après le 42e jour post-partum (Santé publique France). La dépression post-partum touche près d’une mère sur cinq dans les semaines qui suivent l’accouchement. À cela s’ajoute la charge mentale liée à la gestion familiale et la difficulté à concilier vie professionnelle et personnelle, notamment pour les mères isolées.
Pour y répondre, le programme des « 1000 premiers jours » propose un accompagnement psychologique et des ressources adaptées.
Enfin, la ménopause, étape naturelle de la vie des femmes, reste largement taboue. Elle peut s’accompagner de symptômes physiques et émotionnels comme l’insomnie, les bouffées de chaleur ou l’anxiété. Les femmes qui ont déjà souffert de dépression sont plus à risque et doivent être suivies de près. C’est pourquoi il est important d’en parler librement, pour repérer les signes tôt et proposer un soutien adapté.
Les violences sexistes et sexuelles
A tout cela s’ajoute l’impact des violences sexistes et sexuelles sur la santé mentale des femmes. Qu’il s’agisse de leur expérience ou de leur risque, les violences sexistes et sexuelles sont perçues comme les principaux éléments jouant sur la santé mentale des femmes. En 2022, 373 000 femmes majeures ont été victimes de violences conjugales, et 76 % d’entre elles ont subi des troubles psychologiques importants. 1 241 000 femmes majeures ont été victimes de harcèlement sexuel, d’exhibition sexuelle et/ou d’envoi d’images à caractère sexuel et non sollicitées (Lettre n°22 de l’Observatoire national des violences faites aux femmes).
Informer, écouter et accompagner les femmes victimes reste essentiel pour reconstruire leur santé mentale de façon durable et sécurisée.
Consultez le site arretonslesviolences.gouv.fr
Face à cette réalité, l’État développe et met en place des dispositifs de prise en charge psychologique :
En savoir plus
Consulter le dossier de presse du 28 mai 2025 « Journée Internationale d'Action pour la Santé des Femmes »
Consulter le site du Gouvernement : Parlons santé mentale ! Grande cause nationale 2025 | info.gouv.fr