Discours d'Aurore Bergé | Ministre chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations

Mardi 11 mars 2025

Publié le | Temps de lecture : 4 minutes

Débat général – 69ème session de la Commission de la condition de la femme, ONU 

Seul le prononcé fait foi

Monsieur le Président ou Madame la Présidente,
Excellences,
Mesdames et messieurs les ministres, 

Simone de Beauvoir nous avait prévenues : « Il suffira d’une crise politique, économique et religieuse, pour que les droits des femmes, nos droits, soient remis en question. Votre vie durant, vous devrez demeurer vigilante. » 

Nous y sommes : ce moment, c’est aujourd’hui. 

Partout dans le monde, la liberté des femmes est contestée, fragilisée, éliminée.

Et pourtant, la liberté des femmes ne devrait jamais être une variable d’ajustement.  

Elle est la condition première de toute société juste, de toute humanité. 

La France, fidèle à son histoire, à ses valeurs et à son engagement, le réaffirme ici, devant vous : nous défendrons, sans relâche, la liberté des femmes.

***

La liberté des femmes, c’est d’abord celle de disposer de leur corps. 

Un principe qui ne devrait souffrir aucune remise en cause et qui, pourtant, demeure un combat. 

Alors que nous avons célébré en France le premier anniversaire de l’inscription, dans notre Constitution, de la liberté garantie des femmes de recourir à l’avortement, nous savons bien que ces victoires sont précaires, que chaque avancée est un rempart fragile contre les retours en arrière.

Et que cette liberté-là, elle conditionne toutes les autres. 

Sans la liberté de maîtriser son corps, comment maîtriser son destin ?

***

La liberté des femmes, c’est aussi celle de vivre en sécurité. 

Sécurité dans leur pays, à l’abri des conflits. Ces conflits dont elles sont les premières victimes, notamment des violences sexuelles. 

Sécurité à l’abri des violences dans l’espace public, sur leur lieu de travail, dans leur famille. 

Or, aujourd’hui encore, des millions de femmes vivent sous la menace, l’intimidation, la peur. 

Tant qu’il ne restera dans le monde ne serait-ce qu’un seul espace de non-droit pour les femmes, nous poursuivrons notre combat.

***

La liberté des femmes, c’est celle de pouvoir apprendre. 

D’aller à l’école, d’accéder au savoir, d’étudier, de créer, d’inventer. 

C’est celle d’ouvrir les horizons, de participer pleinement à la construction du monde, d’imaginer un avenir à la mesure de leurs rêves et de leurs talents. 

Nulle société ne peut prétendre à la prospérité ou à la justice si elle assigne la moitié de l’humanité à des destins qu’elle n’a jamais choisis.

***

La liberté des femmes, c’est tout simplement celle de vivre. 

D’avoir le droit d’exister sans justification, sans autorisation, sans condition. 

C’est d’avoir la garantie de leur dignité et de tous leurs droits, en toutes circonstances, en tout lieu, en tout temps.

Pourquoi les hommes ont-ils si peur de nous ? De nos filles ? 

Pour que nous soyons instruites, émancipées libres de décider par nous-mêmes et pour nous-mêmes. 

***

Aujourd’hui, nous devons franchir une nouvelle étape. 

La diplomatie féministe doit franchir une nouvelle étape.  

Faisons-la entrer dans une nouvelle ère : l’ère de la liberté.

Nous avons besoin d’actions concrètes, de coalitions renouvelées, de mobilisations sans précédent pour la liberté des femmes sur tous les continents. 

Trente ans après la Conférence de Pékin, la France appelle à une refondation et une accélération de notre engagement international. 

A l’heure où les droits humains et en particulier ceux des femmes sont attaqués de toute part, soit par les néoconservateurs, soit par l’idéologie islamiste, nous ne pouvons plus nous contenter d’objectifs lointains et de déclarations de principe. 

Nous devons agir, ici et maintenant, pour la liberté des femmes.

La France, aux côtés de ses partenaires européens et de nombreux États alliés, portera cette vision avec ambition et détermination. 

Parce que l’histoire nous l’enseigne : les droits des femmes ne progressent jamais seuls et ils ne progressent pas toujours en ligne droite. 

Ils avancent quand nous les défendons. 

Ils tiennent quand nous refusons de plier.

***

Mesdames et Messieurs,

Le monde nous regarde. 

Nous devons être à la hauteur de celles qui se battent, chaque jour, pour leur liberté. 

À la hauteur des femmes ukrainiennes, qui résistent avec courage à l’ombre de la guerre imposée par la Russie. 

À la hauteur des femmes afghanes et iraniennes, qui refusent de disparaître sous les diktats des talibans ou des régimes oppressifs, qui refusent de se taire. 

A la hauteur des femmes du Proche-Orient, israéliennes et palestiniennes, victimes et prisonnières du terrorisme islamiste, prises délibérément pour cibles depuis le 7 octobre 2023 et qui aspirent à la paix. 

A la hauteur des femmes du Soudan, victimes de bourreaux qui s’attaquent aussi à l’innocence absolue, à la fragilité la plus pure : des enfants. 

À la hauteur de toutes celles qui, à travers le monde, d’Haïti, de la République démocratique du Congo, de l’Irak et de la Syrie, refusent la soumission, l’effacement et le silence.

Il n’y aura jamais de paix durable sans la liberté des femmes. 

Il n’y aura jamais de progrès véritable sans la liberté des femmes. 

Le moment est venu de réaffirmer, ensemble, que rien n’est plus fondamental que notre liberté. 

Alors oui, il faudra demeurer vigilants. 

Toute notre vie durant. 

Mais ici, aujourd’hui, ensemble, nous devons avoir cette certitude : nous devons être du côté de la liberté. 

Du côté de la liberté des femmes.

Et nous ne reculerons pas.

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